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Focus sur Alexe Poukine, Prix Scam Documentaire 2019

jeudi 12 mars 2020

« Quelle claque ! La profondeur de ta réflexion, la maestria de ton film, l’espace cinématographique que tu as créé pour la parole, d’une rare intensité… » : quelques mots pour commencer à décrire Sans frapper, d'Alexe Poukine, qui a reçu le Prix Scam Documentaire 2019. Découvrez à cette occasion son travail, son parcours et l'éloge écrit pour lui par Paola Stévenne.

 

L'autrice

Alexe Poukine est réalisatrice et scénariste.
Après avoir suivi les cours d’art dramatique dispensés par Jean-Laurent Cochet, elle a étudié l’ethnologie, la réalisation documentaire puis l’écriture scénaristique.
Petites Morts, son film de fin d’études, a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. Son premier long métrage documentaire, Dormir, dormir dans les pierres, est projeté, en 2013, dans de nombreux festivals et acheté par France 2.
Parallèlement au tournage de son second film documentaire, Sans frapper, elle écrit un long métrage de fiction.


L'œuvre, Sans frapper

Ada a dix-neuf ans. Elle accepte d’aller dîner chez un garçon qu’elle connaît. Tout va très vite, elle ne se défend pas. Son corps est meurtri, son esprit diffracté.
Le récit d’Ada se mélange à ceux d’autres, tous différents
et pourtant semblables. La même sale histoire, insensée et banale.


L'éloge

« Nous ne remercions pas Harvey Weinstein. Pourtant, l’humour noir, ici, pourrait dire le chemin qu’il nous a fallu parcourir pour que des récits jusque-là relégués à l’insignifiance deviennent notables ; le chemin, aussi, qu’il a fallu à ton film pour trouver son financement. Mais, non. Nous ne le ferons pas.

Nous ne le ferons pas, parce qu’on a envie de te remercier toi, Alexe Poukine, pour cet acte que tu as commis avec Sans frapper. Un acte de cinéma.
Au départ, il y a cette histoire qu’une femme te raconte. Une histoire comme tant d’autres de relation sexuelle non consentie. Au début : tu te dis ce n’est pas un viol. Vraiment ? Ton point de vue se déplace et avec elle, tu écris le récit de son viol.

Se pose alors une question de cinéma : comment faire pour faire vivre ce mouvement aux spectateurs ? Comment leur faire faire le chemin, pour qu’ils ressentent, pensent, comprennent la culture du viol ? Culture qui dirige nos émotions, nos silences, notre acceptation.

Tu y réponds par un récit choral. Tu choisis de donner à voir et à entendre comment ce récit résonne avec d’autres expériences, d’autres ressentis… Quelle claque ! La profondeur de ta réflexion, la maestria de ton film, l’espace cinématographique que tu as créé pour la parole, d’une rare intensité… nous obligent à bouger parce qu’avec Sans frapper, tu touches le cœur du problème : nos consentements.

S’il fallait encore des preuves que le cinéma est l’art du mouvement… tu l’as prouvé, Alexe Poukine. Merci donc pour ce film qui éveille, comme dirait Jean Vigo, d’autres échos que les rots de ces messieurs-dames, qui viennent au cinéma pour digérer. »


Paola Stévenne


Pour aller plus loin

. Découvrez l'ensemble des lauréats et lauréates des Prix Scam 2019.

 

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