Lettre ouverte du PILEn
Alors qu’hier avait lieu la remise des Prix Espiègles (les Prix Littéraires de la Fédération Wallonie-Bruxelles), que le mois de novembre est celui de multiples remises de prix littéraires et suite à l’appel des écrivain·e·s et professionnel·le·s du secteur des lettres et du livre, le PILEn a adressé cette lettre ouverte aux député·e·s. En effet, le premier secteur des industries culturelles et créatives en francophonie est aujourd'hui laissé pour compte. Dans son avant-projet de décret budgétaire 2024, la FWB n’a prévu aucun nouveau moyen, pas même une simple indexation, pour ses budgets dédiés aux programmes en lettres et livre.
Lettre ouverte aux député·e·s
« Mesdames et messieurs les député·e·s,
Le livre est un bien essentiel à la société, à sa démocratie, à sa capacité à se réinventer.
Le secteur des lettres et du livre est le premier dans les Industries culturelles et créatives francophones.
Tous les pédagogues l’affirment, la lecture de livre, de tous les genres, est un facteur essentiel de la réussite scolaire et de l’accès à la vie professionnelle. Le patrimoine belge francophone en littérature, BD et livres jeunesse est reconnu mondialement.
Et le projet de décret budgétaire 2024 ne le mentionne pas.
Aucun des projets élaborés, avec moultes encouragements, par les professionnel.les auteurs, éditeurs et libraires – et leurs fédérations (inter)professionnelles, ne pourront être équitablement indexés, ou soutenus par des moyens mieux appropriés pour les prochaines années.
Nous ne comprenons pas, et sommes extrêmement déçus face à un tel abandon alors que nos activités traversent des difficultés liées à l’explosion des salaires et des coûts, à la mise en place de la réforme sociale et fiscale WITA, à la pression sans cesse croissante des grands groupes qui dominent l’édition-distribution sur les marchés francophones, aux attentes nouvelles des publics, et notamment des jeunes.
Parlons chiffres un instant, puisqu’il s’agit de budget :
Nous ne ferons qu’une seule comparaison budgétaire dans le temps (en prenant le même périmètre) :
- Le budget de la FWB de 2012 pour les Lettres et le Livre représentait 3,1 millions d’euros, ou 0,005 % du seul budget culture
- Le Budget de la FWB de 2024 pour les Lettres et le Livre, sans votre intervention, pourrait ne s’élever qu’à 3,4 millions d’euros, ou désormais 0,003 % du seul budget « culture »
L’inflation est de plus de 25 % pour la période, la croissance budgétaire est limitée à 10 %.
C’est bien un recul de plus de 15 % en valeur réelle qui frappe injustement nos activités au cœur du projet culturelle de la FWB.
Conclusion qui s’impose, le « Contrat de filière du livre », lancé en 2022 par le Ministre-Président Jeholet et la Ministre de la Culture Linard, apparaît comme une opération vaine, singulièrement décevante.
Si nous cherchons alors à nous tourner vers les régions, dont la plupart d’entre vous sont également les député.es, il nous est répondu que sans l’engagement de la FWB, rien n’est possible en cette matière qui lui constitutionnellement dévolue par priorité.
Et ce n’est pas faux. La FWB doit initier et construire des partenariats sérieux en faisant davantage participer les fédérations professionnelles à leur pilotage.
Est-ce la punition proméritée par les secteurs et acteurs culturels qui ne vivent pas que de subsides ? Qui ne créent pas dans des lieux, mais directement des créations et des services culturels pour les publics ?
Nous vous demandons de corriger une politique budgétaire qui s’apparente davantage à la loterie Euromillions, qui ferait un seul secteur gagnant – et tant mieux pour lui – mais qui laisserait les autres, le nôtre, hors de l’avenir de la FWB.
Nous vous remercions déjà pour l’attention que vous prêterez certainement à notre appel. »
Pour aller plus loin
Lire et signer l'appel des écrivain.es et professionnel.les du secteur des lettres et du livre.