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"Le ventre idéal" : de l’écrit à l’écran, interview d'Adeline Dieudonné

jeudi 29 juin 2023

Comment passe-t-on d’une nouvelle de 5000 mots à un long métrage ? À l’occasion de la table-ronde Adaptation littéraire : opportunités et enjeux juridiques dans le cadre du Screenwriters’ Day du BRIFF, l’autrice Adeline Dieudonné (e.a. La Vraie Vie, Reste) nous fait rentrer dans les coulisses d’une co-adaptation.


À l’origine de ce projet, il y a une nouvelle de 5000 mots (soit 50 pages – le format idéal pour la poste), publiée par les éditions Lamiroy dans leur collection Opuscules en novembre 2018. Elle a ensuite été insérée comme chapitre à part entière sous le titre Julie dans Kérozène, objet textuel hybride (recueil avec fil rouge ou roman à sketches où une douzaine de personnages vacillants gravitent tous autour d’une station-service,) publié par les éditions L’Iconoclaste en 2021.

Dans la narration originale, Julie (esthéticienne), se retrouvait cadenassée dans une maison rose hygiénique à outrance et angoissante, entourée d’Olivier, son mari et de ses beaux-parents (Roger et Marie) tous trois gynécologues et obsédés par sa capacité à procréer. Son émancipation (un thème récurrent dans le travail de l’autrice) arrivait par des voies assez surprenantes.

Aujourd’hui en 2023, sous des atours très différents, cette histoire, réécrite à quatre mains par les coscénaristes Adeline Dieudonné et Thomas Gunzig (récemment Le Sang des bêtes et Rocky, dernier rivage au Diable Vauvert) s’apprête à être portée à l’écran par la réalisatrice et productrice belgo-américaine Jessica Woodworth (La Cinquième Saison, King of The Belgians), actuellement en repérages pour le tournage. 

 

Entretien par Anne-Lise Remacle (journaliste littéraire)

 

Avez-vous eu précédemment d’autres expériences d’écriture scénaristiques ? 

Adeline Dieudonné : À l’origine, je souhaitais être comédienne et ça ne marchait pas vraiment. Avec mon amoureux de l’époque, qui lui aussi poursuivait la même envie, on s’était dit qu’écrire un super bon scénario dans lequel on s’écrirait des rôles serait peut-être la solution. On était persuadés qu’après ça, le milieu du cinéma serait bien obligé de nous prendre en considération. On était assez inspirés par le modèle Bacri-Jaoui. Mais évidemment, ça n’a pas fonctionné du tout (rires). J’avais 23 ou 24 ans. Nous avions écrit un premier long métrage. Éric Van Beuren d’YC Alligator Films nous a pas mal suivis mais nous n’avons pas eu l’aide de la commission. Ensuite je suis tombée enceinte, et ce projet ne s’est jamais concrétisé. J’ai refait quelques tentatives d’écriture de scénario toute seule plus tard, mais rien qui ait abouti à un projet finalisé. 

Récemment, le metteur en scène Georges Lini a porté a adapté à la scène votre roman La Vraie Vie. Vous n’avez pas participé à la réécriture théâtrale mais étiez présente sur scène, dans un rôle hybride de narratrice-protagoniste. Est-ce que participer à cette expérience vous a donné des idées pour l’adaptation scénaristique ?

Adeline Dieudonné : En étant autant partie prenante sur scène et avec un projet né partiellement pendant la pandémie, je n’avais pas nécessairement le recul ou l’espace mental pour observer sa façon de faire. Au moment des répétitions, je préparais la sortie de Kérozène, l’adaptation du Ventre idéal n’était pas dans mes préoccupations directes. Pour cette adaptation théâtrale, le travail de Georges était surtout de réaliser des coupes judicieuses dans le texte, de répartir des répliques entre les comédiens – ça s’apparentait plus directement à de la mise en scène. Comment est-ce qu’un texte peut être rendu en trois dimensions, etc. 

À quel endroit se joue selon vous la différence entre les codes du cinéma et ceux du théâtre ?

Adeline Dieudonné : dans la tradition théâtrale (par rapport à la tradition cinématographique), j’ai l’impression qu’on peut jouer vraiment davantage avec les conventions. Le public, conscient des contraintes propres à la scène (à l’espace et au temps), est capable d’accepter beaucoup de choses. Cela donne une marge de liberté et de créativité que je trouve dommage qu’on n’utilise pas plus au cinéma. Comme sur un tournage on a plus les moyens de coller aux critères de vraisemblance, de réalisme, on les utilise sans nécessairement songer à des solutions plus drôles, poétiques, suggestives. Cependant, il reste des cinéastes qui font des œuvres beaucoup plus évocatrices ou audacieuses du point de vue de la mise en scène. Je pense à quelqu’un comme Lars Von Trier, qui fait parfois des films très conceptuels (ndlr : e.a. Dogville et Manderlay). 

Vous pratiquez l’intertextualité. Au-delà de Julie du Ventre idéal, Julianne, l’héroïne de la nouvelle Seule dans le noir a aussi été intégrée dans Kérozène, et on voit aussi réapparaître la Monica de La Vraie Vie. En quoi est-ce important pour vous, cette circulation ou ces vies alternatives pour vos personnages ?

Adeline Dieudonné : J’ai intégré Seule dans le noir et Le Ventre idéal dans Kérozène, pour les rendre accessibles au public français. Les fils de vie de tous ces personnages dans le recueil se répondent, s’amplifient en étant mis côte à côte. Pour Monica, la démarche de la faire revenir était beaucoup plus réfléchie et volontaire. J’avais un goût de trop peu par rapport à La Vraie Vie : dès lors qu’elle décevait la narratrice, elle disparaissait de l’histoire puisque la petite fille n’allait plus lui rendre visite. J’avais envie d’éclairer davantage la trajectoire de cette femme qui vivait dans la forêt. C’était aussi une façon de me rassurer : quand on entame un nouveau projet d’écriture, pouvoir compter sur des personnages qu’on connaît déjà, c’est réconfortant, comme un doudou ! J’aime bien imaginer que tout ce que je fais existe dans une réalité parallèle et que les points de contact sont donc possibles. 

C’est aussi quelque chose que vous appréciez en tant que lectrice ou spectatrice ?

Adeline Dieudonné : J’adore les auteurs qui font ça. Cela m’amuse énormément – c’est gratifiant pour moi de reconnaître des éléments d’une œuvre à l’autre, comme des spin-offs ! Si cela peut passer d’un média à un autre, de la littérature au cinéma, ça m’enthousiasme aussi. Ce matin, je travaillais sur un autre projet de long métrage et tout à coup, avec mon co-auteur, on s’est dit que ça pourrait se passer dans le Démo (ndlr : le lotissement où résident les personnages de La Vraie Vie), même si on était les seuls au courant. Je trouvais amusant de faire revivre ce quartier. Ces clins d’œil disséminés d’une œuvre à l’autre me permettent d’ancrer l’action dans mon imaginaire et de ne pas repartir d’une page complètement blanche. 

Qu’avez-vous maintenu de la trame d’origine de la nouvelle Le Ventre idéal ?

Adeline Dieudonné : À force de malaxer et d’étoffer et de penser au support final, on s’est vraiment éloignés de la nouvelle. C’est ce qui est chouette aussi dans la coadaptation, dans le fait de travailler à deux : le matériau de base subit des métamorphoses, prend des directions suggérées par le co-auteur, digresse, avance, etc. Il nous reste une Julie (très différente de celle de la nouvelle et pas esthéticienne) et une Marie (qui reste gynécologue). Le rapport de domination entre les deux est toujours là, entre autres d’un point de vue de l’âge (Julie est plus jeune, Marie plus âgée). Mais pour la tonalité, on a versé complètement dans le film de genre ou le thriller, ce qui n’impliquait pas du tout le texte, davantage une comédie érotico-burlesque.

Comment vous êtes-vous réparti le travail, très concrètement, avec Thomas Gunzig ?

Adeline Dieudonné : La première chose à dire c’est qu’on n’a pas instauré un rapport hiérarchique entre nous ou de final cut exclusif – on n’est pas très protecteur de notre travail, on accepte parfaitement que l’autre fasse des remarques. On s’est partagé les scènes après avoir établi un séquencier (ndlr : scénario simplifié sous forme d’une succession de moments-clés, brièvement résumés).

On travaillait très rarement en même temps : on attendait qu’une série de scènes ait trouvé ses fondations solides. Si par exemple Thomas travaillait de la scène 30 à 35, il m’envoyait l’ensemble et on résolvait les questions soulevées par cette partie avant que je me lance dans les scènes suivantes. À un moment, on a cependant décidé d’accélérer le rythme, d’aller jusqu’au bout avant de tout repasser au tamis pour finaliser les détails en faisant une lecture ensemble. 

Est-ce important, pour une question de justesse – notamment dans les dialogues – de faire des lectures à voix haute ?

Adeline Dieudonné : On n’est pas toujours passés par la lecture à voix haute – comme j’ai une formation de comédienne, j’aime beaucoup ça – mais on aurait bien fait d’utiliser systématiquement cette méthode à certains endroits. Je pense que si on est amenés à collaborer à nouveau sur un scénario, on y pensera. On a fini par procéder comme ça de façon intégrale il y a environ six mois avec la réalisatrice. On y a consacré tout un week-end et c’était génial : plein d’éléments nous sont apparus de façon plus saillante.   

Vous avez parfois dit, en plaisantant, qu’avoir travaillé dans un bureau d’architecture intérieure vous avait rendue attentive aux meubles, aux habitations. Est-ce que le décor est quelque chose que vous avez eu particulièrement en tête ?

Adeline Dieudonné : Oui, c’est encore très présent dans ce nouveau projet. Nous avons imaginé une maison dans la montagne. Il y a un éperon rocheux avec un téléphérique (seul moyen d’accès) en contrehaut de la maison. Ce n’était pas ultra-évident à s’imaginer de façon concrète, donc je l’ai dessiné. Cela nous permet d’avoir une cohérence quand nous faisons intervenir ce décor Thomas ou moi et d’être absolument raccord sur la localisation de la porte, la façon dont elle s’ouvre par rapport à la montagne. C’est un document de travail qui est aussi utile pour notre productrice et pour notre réalisatrice. 

À vous entendre décrire l’environnement isolé, j’en conclus qu’on reste, comme dans la nouvelle, dans un huis-clos, une narration où l’enfermement a sa place ?

Adeline Dieudonné : Oui, tout à fait ! Il sera cette fois question d’une véritable séquestration. La jeune Julie sera à nouveau vue comme un ventre, utilisée de façon forcée comme une reproductrice, elle qui ne désire pas d’enfant. C’est une situation extrême de double cohabitation forcée (avec une ennemie, avec un être qui se développe de façon interne). Nous avons entre autres beaucoup pensé au film La Piel que habito de Pedro Almodovar.

Vous m’expliquiez dans un entretien précédent que ce qui vous intéressait, dans le fait d’écrire frontalement (entre autres sur les questions de sexualité), ce n’était pas tant la transgression que le jeu. Est-ce que dans un scénario, c’est une notion que vous pouvez autant mobiliser ou est-ce que vous êtes davantage consciente de la censure possible ?

Adeline Dieudonné : On tourne moins autour de la question de la sexualité mais ce questionnement sur le curseur au bon endroit ou non s’est déplacé ailleurs. Thomas et moi aimons énormément pousser certaines situations jusque dans l’absurde – il n’y en a pas un pour rattraper l’autre à ce niveau (rires). Au stade de l’écriture, nous ne nous sommes pas mis de frein, mais le scénario est ensuite passé par beaucoup d’autres mains : en commission, auprès de la productrice, auprès de la réalisatrice. Toutes ces personnes peuvent trouver certains aspects un peu too much ou se demander comment la représentation à l’écran serait possible.

Ce que je trouve un peu castrateur, au cinéma, c’est la nécessité de devoir mettre le film dans une case bien spécifique. En littérature, mon co-auteur et moi pratiquons le juke-box des genres. L’humour est notre meilleur outil, y compris très à contrepied, comme par exemple après une scène d’angoisse, etc. 

Est-ce un refus d’être assignés à une seule étiquette ?

Adeline Dieudonné : Nous n’avons pas envie de devoir choisir ! J’adore quand dans un thriller, un gag explose. Je trouve que ça crée des soupapes de décompression après des moments tendus. Le point commun de nos univers, à Thomas et moi, c’est toujours de flotter un peu à la surface du réel. Dans ce projet, ça a parfois impliqué que nous ayons des retours de gens pas du tout raccord avec nos prises de liberté. Il n’en est pas moins vrai qu’on doit garder l’adhésion du public, que c’est aussi une histoire de conventions et que certaines choses doivent rester crédibles.

Certains réalisateurs parviennent à se jouer énormément des codes…je pense notamment à Quentin Dupieux (e.a. Rubber avec un pneu serial killer, Le Daim où le nonsense est bien présent)

Adeline Dieudonné : Je pense que ce qu’il fait est possible parce qu’il établit tôt un pacte de codes bousculés avec les spectateurs. Si ce contrat tacite d’absurde cultivé n’arrivait qu’aux trois-quarts de l’histoire, ça tomberait à plat. On est ravis que ça soit Jessica Woodworth qui réalise le film, notamment pour cette raison. On sait qu’elle comprend notre fantaisie. Elle ne cherchera pas à ramener notre univers dans une forme de normativité à tout prix, elle ne le tirera pas vers le consensuel. Au contraire, avec ses propres touches, il gagnera probablement en folie. C’est en quelque sorte une deuxième phase d’adaptation : de notre scénario à ses images, à sa vision.

Est-ce qu’en écrivant, vous vous projetiez déjà dans un casting possible ou rêvé ?

Adeline Dieudonné : C’est un aspect que je trouve intéressant parce que ça m’aide à incarner le personnage mentalement et donc à faire naître plus facilement les dialogues si je me figure déjà une voix ou un visage. Ici, pour Marie, j’ai beaucoup pensé à Catherine Frot, si singulière – même si ça pourrait être tout intéressant de voir Karine Viard ou une toute autre comédienne s’emparer de ce rôle. L’exercice marche aussi avec des gens que je connais mais le faire en ayant des gens du métier en tête m’encourage à revoir des films, à me replonger dans leur univers. Cela me permet d’affiner l’écriture.

Jessica Woodworth souhaite par ailleurs que nous soyons présents à un moment donné sur les lieux du tournage, et que nous donnions notre avis sur le casting. Elle a aussi envie que nous puissions assister à une réunion avec le chef décorateur. C’est précieux ! 

Dans vos romans, une de vos marques de fabrique est l’efficacité clinique de vos premières phrases. Est-ce facile de parvenir à ce même impact dans un scénario quand on sait qu’un des principes de base, c’est « Show, don’t tell » (ndlr : N’expliquez pas, montrez) ?

Adeline Dieudonné : Il faut parfois réduire à l’os. Dans ce scénario, on avait au départ toute une exposition sur qui était la protagoniste avant d’arriver dans la montagne, mais nous avons tout coupé. En tant que scénaristes, nous savons ce qui l’amène là, ce qui est arrivé avant – mais ça n’est important qu’en interne. En démarrant de façon plus nette, le spectateur franchit d’emblée le seuil, il ne tourne pas autour. Il suffit de pas grand-chose pour suggérer certains éléments. Par exemple, elle a perdu son père, mais nous n’avons pas besoin d’une scène entière pour le dire : on peut l’induire par un faire-part de décès dans le champ sur son tableau de bord.

J’aime assez les fictions de suite dans l’action, sans qu’on me donne la becquée à chaque étape. Les éléments de compréhension, ils viendront bien au fur et à mesure, si le film ou le livre ont été bien écrits. L’inquiétude reste un élément qu’il faut en revanche soigner assez tôt, suggérer que les choses grincent… sans pour autant savoir d’où le danger surgira !

Dans la nouvelle, les signes d’inquiétude passaient essentiellement par le corps de Julie. Est-ce que ça sera toujours le cas dans le film ?

Adeline Dieudonné : Notre nouveau personnage a un rapport à son corps assez conflictuel, mais différent de la Julie d’origine : un malaise palpable et moins d’apprêtement. Elle ne sera plus esthéticienne. Ce seront évidemment des éléments qui sont amenés par la comédienne, par sa tenue, par son attitude, ce qu’on la voit ou non manger, etc. Ici, cela nous intéressait vraiment qu’il y ait un conflit corporel interne, avant même ce qui va lui arriver et qui la transformera.

Dans votre travail, l’émancipation des femmes, contraintes de façon systémique à la docilité, passe parfois par des moyens qui questionnent – une sexualité à risques, une part de violence, etc. Est-ce que vous souhaitiez, ici encore proposer des représentations hors-normes, qui déstabilisent ?

Adeline Dieudonné : L’échappée hors d’une forme de captivité retorse (ici une femme exerce un pouvoir sur une de ses semblables) sera à nouveau bien au cœur de la narration, mais les moyens de le faire ne seront en rien ceux de la nouvelle. La libération se produira ici sur le plan physique mais aussi plus psychologique : Julie retirera de cette expérience horrifique des moyens d’avancer. Cela passera par un corps, mais pas le sien : celui d’une vache. On sent ici l’influence de Thomas et son goût récurrent pour le bestiaire (rires). Je trouve très belle cette sororité qui peut s’installer entre un animal et une jeune fille.  

Sur un sujet si intrinsèquement lié au corps des femmes, avoir à la fois un regard féminin et un regard masculin vous paraissait-il important ? Ou est-ce que votre complémentarité se jouait à d’autres endroits ?

Adeline Dieudonné : On ne s’est pas forcément posé la question, mais mon regard de femme était évidemment important, ne serait-ce qu’en tant que connaissance de première main, de terrain, de ce qu’implique une grossesse. Thomas n’est pas très male gaze – à mon sens, ses représentations féminines ou les scènes dans lesquelles ses personnages féminins interviennent ne sont pas caricaturales. Je n’ai pas eu la sensation que son regard et le mien sur nos protagonistes étaient fondamentalement différents.

J’ai juste changé un des deux personnages de policiers dans une scène que Thomas avait écrite. J’ai délibérément opté pour que la supérieure hiérarchique soit une femme. En relisant la scène, il a juste ri en disant que Mona Chollet était passée par là. C’est vrai que par défaut, certaines professions ou grades auraient tendance à impliquer des hommes et ça reste important pour moi de déjouer ces habitudes. C’est ma petite contribution politique.


Propos recueillis par Anne-Lise Remacle

Pour aller plus loin

. Visitez le site d'Adeline Dieudonné

. L'adaptation littéraire au cinéma

 

"Le ventre idéal" : de l’écrit à l’écran, interview d'Adeline Dieudonné
Adeline Dieudonné par Patrice Normand/Leextra